À l’ère de la digitalisation, la presse traditionnelle est confrontée à de nouveaux défis. De plus en plus, les citoyens se tournent vers des alternatives indépendantes pour s’informer. En moins de trois décennies, les médias citoyens et la presse indépendante ont émergé comme des acteurs clés dans le paysage médiatique moderne. A présent, ils représentent une forme de contre-pouvoir, défiant l’information dominante et produisant des contenus alternatifs. Voyons ensemble comment ces nouveaux médias ont pris forme et quels enjeux ils représentent.

Définition, émergences, outils

Les médias citoyens sont des plateformes où les informations sont générées par les utilisateurs eux-mêmes. Ils englobent des blogs, des réseaux sociaux, des plateformes de vidéos en ligne, des podcasts et des sites web d’information. Le terme a pris son envol avec l’avènement d’internet, qui a permis à quiconque disposant d’une connexion internet et d’un ordinateur de diffuser des informations.

La presse indépendante, quant à elle, se définit par son autonomie éditoriale et financière. Elle ne dépend d’aucun pouvoir politique, économique ou idéologique, ce qui lui permet de maintenir une ligne éditoriale libre et critique. Comme la nature a horreur du vide, elle s’est imposée comme une réponse à la concentration croissante des médias traditionnels entre les mains d’un petit nombre d’entreprises.

De fait, la démocratisation d’internet et des outils numériques a rendu plus accessible l’émergence des médias citoyens et de la presse indépendante. L’accessibilité aux smartphones et aux caméras numériques a permis la création de contenus multimédia par le public. Ainsi, les réseaux sociaux et les plateformes de blogging ont offert des canaux de diffusion accessibles à tous en consultation et en distribution. Enfin, le crowdfunding et les modèles d’abonnement ont fourni des solutions de financement viables.

Autre élément qui compte dans ce paysage, la vidéo participative est une approche citoyenne des médias qui encourage l’engagement communautaire dans la production de films. Elle vise à contrer les pratiques documentaires traditionnelles où les points de vue locaux sont interprétés par des professionnels éloignés. Ce concept, qui favorise l’autonomie et la visibilité des communautés, a été mis en œuvre pour la première fois par le Canadien Don Snowden. À Fogo Island, il a utilisé les médias pour permettre un développement centré sur la communauté, conduisant à une prise de conscience collective des problèmes locaux et à des changements législatifs. Snowden a reproduit cette approche dans le monde entier jusqu’à son décès en 1984.

Les enjeux de la presse indépendante

Le premier enjeu majeur de la presse indépendante est celui de la liberté d’expression. En se libérant des contraintes économiques et politiques, la presse indépendante peut se permettre d’être plus audacieuse et plus critique envers les pouvoirs en place. C’est un acteur essentiel pour le maintien d’une démocratie saine et transparente. Elle finit par se positionner comme le véritable quatrième pouvoir quand les organes de presse traditionnels ne jouent plus leur rôle critique.

Le deuxième enjeu est celui de la diversité de l’information. La presse indépendante contribue à élargir le spectre des opinions et des voix entendues dans l’espace public. Elle donne une tribune à ceux qui sont généralement absents des médias traditionnels, et permet un débat plus équilibré et pluraliste.

Un troisième enjeu de taille est celui de l’innovation. La presse indépendante, du fait de sa flexibilité et de sa taille souvent réduite, peut se permettre d’expérimenter de nouvelles formes de journalisme, de nouveaux formats de diffusion ou de nouvelles approches de l’information.

Enfin, le quatrième enjeu est celui de la confiance. À une époque où la méfiance envers les médias traditionnels est à son comble, la presse indépendante offre une alternative plus transparente et plus proche des citoyens. Elle peut aider à restaurer la confiance du public envers les médias. Elle brise les distances de castes et les collusions désormais manifestes entre les populations et ce que l’on a pu nommer « la classe politico-médiatique » ou encore l’hyperclasse.